Wednesday, November 22, 2006

Une vie de Zoulou blanc

Le retour de Johnny Clegg. Souvenez vous du tube 'assimbonanga' dans les annees 80.

AFRIQUE DU SUD - 19 novembre 2006 - par OLIVIA MARSAUD
Ancien symbole de la lutte antiapartheid, Johnny Clegg revient avec un album qui mêle pop, rythmes noirs et latino-américains. Johnny Clegg est plus vivant que jamais et il le chante sur son nouvel album, One Life, sorti en octobre. Un opus aux rythmes métis, africains mais aussi latino-américains, que le chanteur sud-africain a défendu l’été dernier lors d’une longue tournée européenne. Détendu, blagueur et émaillant ses phrases de mots français, il explique que « c’est un album personnel, politique et social mais aussi avec des chansons drôles ».
Ce qui ne l’empêche pas de dénoncer la situation des enfants-soldats (« Boy Soldier »), la manipulation de la population par le pouvoir, en prenant l’exemple du Zimbabwe (« The Revolution Eats Its Children ») ou encore, d’évoquer sa sœur, morte d’un cancer à 27 ans (« Touch the Sun »). Dans la chanson d’amour « Thamela », il chante pour la première fois en afrikaans. « Les Afrikaners étaient les leaders de l’apartheid mais cette époque est révolue, nous vivons au sein d’une nouvelle Afrique du Sud et je veux inclure tout le monde. L’afrikaans n’est plus le symbole de la division », assure-t-il.
D’abord professeur d’anthropologie, Johnny Clegg, surnommé « le zoulou blanc », est devenu dans les années 1980 l’un des pionniers de la world music et l’un des symboles du combat contre l’apartheid. Avec ses groupes, Juluka puis Savuka, composés de Noirs, il chantait en anglais et en zoulou alors que le mélange des langues et des couleurs était interdit…
Ses tubes, « Scat­terlings of Africa » et « Asimbonanga » (écrit pour Mandela), ont fait le tour du monde. Aujourd’hui, il dit qu’être sud-africain, « c’est une attitude. Nous possédons plusieurs identités. Nous sommes en paix les uns avec les autres en acceptant nos bons et nos mauvais côtés. Il nous faut être capables de communiquer au-delà des 11 langues officielles et des ethnies ! »
Philosophe et optimiste, il observe dans son pays l’émergence d’une nouvelle génération qui le fascine et le déroute à la fois. « Ils avaient 5 ans en 1999 et 10 ans lors des premières élections démocratiques. Ils sont aujourd’hui complètement libres mentalement. Ils ne se sous-estiment pas parce qu’ils sont Noirs, regardent vers l’avenir et ne veulent pas entendre parler de l’apartheid, ce qui est choquant pour des gens de ma génération. Ça m’ennuie un peu mais c’est comme ça ! »

Thursday, November 09, 2006

Ecrivain blanc broie du noir

La nation arc-en-ciel craque de partout. Le futur n'a pas l'air tres rose pour les intellectuels blancs sud-africains.

AFRIQUE DU SUD - 5 novembre 2006 - par TSHITENGE LUBABU M.K.
Hier militants anti-apartheid, certains auteurs critiquent aujourd’hui la majorité noire au pouvoir. Et n’hésitent pas à remettre en question leur appartenance à la nation Arc-en-Ciel. Ils s’appellent André Brink, John Maxwell Coetzee, Nadine Gordimer, Breyten Breytenbach, Christopher Hope ou encore Rian Malan. Ils sont écrivains. Et ils sont blancs. À l’époque où l’Afrique du Sud était un État officiellement raciste, ils ont mis, à des degrés divers, leur plume au service de la lutte pour la liberté, la démocratie et l’égalité des hommes. Mais seize ans après l’arrivée au pouvoir de la majorité noire, ils ont le blues. Conflit racial d’un autre type ? Lassitude de gens en quête de perfection ? Ou simples caprices d’écrivains profitant d’une liberté longtemps confisquée ? Tout est possible.
Rian Malan est le plus critique d’entre eux. Sa famille, afrikaner, a donné à l’Afrique du Sud des hommes comme Daniel François Malan qui, devenu Premier ministre en 1948, instaure l’apartheid, ou Magnus Malan, général de l’armée sud-africaine dans les années 1970 et 1980, une période particulièrement répressive. En 1977, l’adolescent qui se veut de gauche et « sympathisant du combat des Noirs » quitte son pays pour les États-Unis. Il craint d’être enrôlé dans l’armée. Mais la nostalgie finit par le ramener au bercail. Et il assiste à la mort lente et inexorable de l’apartheid. En 1990, Rian Malan publie un livre qui le rend célèbre : Mon cœur de traître (Plon, 1991). Il y avoue, entre autres choses, avoir couché avec une femme noire pour prouver ses bonnes dispositions envers les Noirs. En même temps, il culpabilise et a peur que cette femme ne lui ait transmis une quelconque maladie. Face aux changements qui se déroulent sous ses yeux, il a une certitude : les Noirs vont massacrer les Blancs pour se venger. Plus qu’une certitude, c’est une obsession qui le pousse à s’attaquer à tous les symboles du nouveau pouvoir, de Mandela à Thabo Mbeki, en passant par la Commission Vérité et Réconciliation. Malan prédit l’apocalypse.
En 2004, les Noirs n’ayant toujours pas massacré les Blancs, l’apocalypse ne s’étant pas produite, Malan bat sa coulpe. Il écrit alors dans un article : « Il est infiniment plus difficile de recevoir que de donner, surtout lorsqu’on est arrogant et que l’on reçoit le pardon ou la pitié. Le cadeau, en 1994, était tellement énorme qu’il m’est resté en travers de la gorge, et je n’ai pas été capable de dire merci. Mais je ne suis pas assez orgueilleux pour ne pas le dire aujourd’hui. »
Ce mea-culpa réjouit le président Thabo Mbeki qui, à l’occasion d’un discours à la nation, cite Malan en exemple. La communauté blanche, elle, est furieuse contre l’écrivain. Cet épisode passé, ce dernier revient à ses vieux démons. Sa dernière sortie remonte au 14 octobre dernier. Dans une tribune publiée par le magazine londonien The Spectator et intitulée « L’Afrique du Sud : pas de guerre civile, mais une triste décadence », il s’en prend une nouvelle fois aux dirigeants de son pays. Pêle-mêle, il dénonce la corruption, la violence, l’incompétence des fonctionnaires noirs… Il se demande comment quelqu’un comme Jacob Zuma, l’ancien vice-président poursuivi pour viol et corruption, peut encore avoir des sympathisants. Et reproche à Mbeki d’avoir créé un « État providence » dont profitent 10 millions de personnes. Malgré ses critiques, Rian Malan n’a pas (encore) décidé de quitter l’Afrique du Sud.
Le 24 août 2006, une tribune paraît dans le quotidien Le Monde. Elle s’intitule « L’Afrique du Sud ou le rêve trahi ». Son auteur n’est autre qu’André Brink, l’un des écrivains phares de la lutte contre l’apartheid. Partant d’un fait-divers - sa fille et son gendre ont été attaqués dans un restaurant du Cap par des hommes armés -, il en vient à dénoncer l’incurie du gouvernement, incapable de venir à bout de l’insécurité au quotidien. Sa cible préférée ? Charles Nqakula, le ministre de la Défense. Celui-ci avait déclaré que ceux qui se plaignent de la violence n’ont qu’à quitter le pays. Pour l’auteur d’Une saison blanche et sèche, « cet homme ignore sa propre histoire. Et ce faisant, il trahit tout ce pour quoi l’ANC s’est battu : non-racisme, collaboration et compréhension entre Blancs et Noirs, responsabilité partagée à l’égard du passé comme du futur. En une seule remarque insensible et désinvolte, il a trahi tout l’héritage de Nelson Mandela ». Brink prend néanmoins le soin de préciser que tous ceux qui participent au pouvoir ne sont pas comme Nqakula. Mais il accuse « la nouvelle élite du pouvoir sud-africain » d’ignorer les « besoins criants de la population » : « criminalité galopante, épidémie de sida et pauvreté ». Désormais, l’écrivain refuse de dire, comme il le faisait avant l’incident qui a touché sa famille, que les maux qui affectent son pays, tout en étant réels, « ne sont que de simples débris flottant à la surface d’un puissant fleuve positif ». S’il a juré de ne pas quitter l’Afrique du Sud, André Brink la veut différente de celle qui a permis « l’ascension de monstres comme Nqakula, Zuma ou Tsabalala-Msimang [le ministre de la Santé] ».
Breyten Breytenbach vit depuis longtemps en exil. Bravant l’apartheid, il avait épousé une Vietnamienne. Ses activités contre le pouvoir raciste lui valurent des années de prison. Le changement de régime l’amène à rentrer en Afrique du Sud, à la demande de Mandela. Mais il n’y reste pas longtemps. En novembre 1998, quatre ans après l’arrivée au pouvoir du Congrès national africain (ANC), l’auteur de ces lignes rencontre Breytenbach à l’île de Gorée, au Sénégal. L’homme est déjà amer et dénonce l’incompétence de ses amis « qui confient des responsabilités à des gens sans qualification ». Et il exprime le regret de voir que la lutte contre l’apartheid n’a conduit qu’à cela. Plus tard, Breytenbach reprochera à l’ANC d’être incapable de réduire les inégalités et d’avoir favorisé l’émergence d’un capitalisme noir. Allant plus loin, il dira, en décembre 2005, qu’il ne croit pas en la coexistence des Blancs et des Noirs en Afrique du Sud. Ni ailleurs en Afrique. Désabusé, il tourne le dos à son pays.
Même attitude de la part de John Maxwell Coetzee, Prix Nobel de littérature en 2003, qui a préféré aller s’installer en Australie. Ou de Christopher Hope qui, après avoir longtemps vécu en Grande-Bretagne, s’est fixé en France. Lui aussi est très virulent à l’égard de la nouvelle Afrique du Sud, envers laquelle il se montre pessimiste. Parmi tous ces écrivains, Nadine Gordimer, Prix Nobel de littérature en 1991, reste plutôt modérée. Membre de l’ANC, elle reconnaît que tout n’est pas parfait, mais que de grands progrès ont été réalisés. En 2004, elle a même initié un projet littéraire qui a conduit à l’écriture d’un livre de contes par une vingtaine d’écrivains de par le monde. Les recettes provenant de la vente de l’ouvrage ont été versées à une organisation de lutte contre le sida. Le 26 octobre, Nadine Gordimer a été attaquée chez elle par des cambrioleurs. Ils lui ont volé ses bijoux. Mais elle est restée dans son pays.

Thursday, November 02, 2006

Le marocain contre le cosaque... ou david vs. goliath

Tout fout le camp en Israel. L'extreme droite est au pouvoir avec l'arrivee d'avigdor lieberman du parti Israel Beitenou (a droite du Likoud!) au gouvernement. Amir Peretz doit se sentir vraiment mal maintenant apres la debacle libanaise. C'est comme si en France, une coalition centre-gauche acueillait Le Pen au gouvernement!

Avigdor Lieberman
ISRAËL - 29 octobre 2006 - par HAMID BARRADA
'Pour consolider sa majorité menacée d’éclatement, Ehoud Olmert n’a rien trouvé de mieux que de conclure un accord avec le chef de l’extrême droite, partisan de l’expulsion massive des Arabes israéliens. Depuis la mésaventure libanaise, Israël traverse une mauvaise passe. Tsahal a beaucoup détruit et massacré, mais elle n’a atteint aucun de ses objectifs de guerre et a perdu dangereusement au passage sa capacité de dissuasion.
La principale victime est le Premier ministre Ehoud Olmert. Au cours de cette guerre de trente-trois jours, il a montré l’étendue de son incompétence. Maintenant, sa majorité bat de l’aile, et il n’est pas sûr de faire passer son budget au Parlement à la fin de l’année. Ayant dû renoncer à son programme politique (évacuation unilatérale des colonies), il n’a pas d’autre ambition que de durer. Il n’a rien trouvé de mieux que de rechercher le concours d’Avigdor Lieberman, le leader d’Israël Beitenou (« Israël, notre maison »).
Plutôt que de « stabiliser la majorité », ce champion de l’extrême droite raciste devrait la secouer davantage avant de la faire sauter. Tout l’atteste : son itinéraire, ses idées et projets, ses moyens, ses ambitions, Lieberman est un personnage hors normes. Son retour fracassant sur le devant de la scène illustre le désarroi qui s’empare de la société israélienne. Un tel médecin ne soigne pas le mal, il l’aggrave à coup sûr et risque même de tuer le malade.
L’accord entre Olmert, chef de Kadima, et Lieberman a été conclu le 23 octobre. Le leader d’Israël Beitenou entre au gouvernement. Il est vice-Premier ministre. Il n’a rien d’un ministre sans portefeuille. Il dirigera un département, créé pour lui, des Affaires stratégiques, il siégera au Conseil national de sécurité et ses prérogatives et moyens sont minutieusement précisés dans le texte de l’accord. En contrepartie, il apporte à la coalition ses 11 députés, lui permettant de disposer désormais de 78 sièges (sur les 120 que compte la Knesset).
Quarante-huit ans, marié, trois enfants, résidant dans une colonie de Cisjordanie, Lieberman est un Israélien de fraîche date. Originaire de l’ex-république soviétique de Moldavie, il a émigré à l’âge de 20 ans. Dynamique, massif, baraqué, il poursuit des études de sciences politiques à l’université de Jérusalem et fait volontiers le coup de poing avec les étudiants arabes. Pour boucler ses fins de mois, il exerce ses talents comme videur dans une boîte de nuit.
Sa rencontre, en 1987, avec Benyamin Netanyahou va sceller le destin des deux hommes. Bibi, ambassadeur à l’ONU, se cherche encore, et Ivett (sobriquet de Lieberman) se persuade qu’il peut lui apporter l’audace et l’expérience qui lui seront nécessaires. Désormais, les deux font la paire. Homme à tout faire du futur Premier ministre, il joue un rôle essentiel dans la conquête du Likoud en 1993, puis du pouvoir aux élections de 1996.
Arrivé de Moldavie voilà à peine dix-huit ans, Lieberman est au faîte de sa puissance et n’est pas loin de diriger l’État juif. Directeur de cabinet du Premier ministre, il occupe un bureau tout proche du sien. Il est le seul à avoir accès à lui à tout moment et ne se prive pas de court-circuiter les membres du gouvernement. Barbe soigneusement taillée, ce qui lui donne fâcheusement le look Hamas, fumant le cigare, arborant son accent russe, avide de pouvoir, méfiant, intraitable, il impose son style de « cosaque ».
Celui qu’on surnomme Raspoutine est sans conteste l’homme fort de l’ère Netanyahou. Il tient tête à Sharon, le ministre des Infrastructures, et réussit à rogner ses prérogatives. C’est lui, par exemple, qui fixe la liste des colonies bénéficiant des faveurs fiscales. Mêlé à des scandales, il doit s’éloigner de Netanyahou. En 1999, il fonde son propre parti, Israël Beitenou. Élu à la Knesset, il fait un bout de chemin avec Ariel Sharon, qui lui offre un portefeuille. Mais il n’est pas question pour ce partisan de la colonisation intensive d’évacuer Gaza, et il quitte le gouvernement en mai 2004.
C’est dans l’opposition qu’il donne la mesure de ses outrances. Pour lui, toute entente, tout compromis ou arrangement avec les Palestiniens est impossible. Son postulat ne concerne pas que les Palestiniens des territoires occupés mais aussi les Arabes israéliens, citoyens à part entière de l’État fondé en 1948. Il préconise donc une séparation absolue entre Juifs et Arabes, de manière à avoir des États « ethniquement homogènes ». Comment y parvenir ? En procédant à un transfert massif des populations, doublé d’une annexion. Les villages et villes arabes situés aujourd’hui en Israël seront rattachés à la Cisjordanie, tandis que, parallèlement, les colonies juives de ces territoires seront définitivement intégrées à l’État juif. Les drames et les souffrances qu’implique un tel nettoyage ethnique qui touche plus d’un million d’âmes n’ébranlent pas Lieberman. « Dans cette région, déclare-t-il, les peuples se comportent comme les races animales : les faibles attendent que le fort s’affaiblisse pour le dévorer. »
En attendant d’appliquer son programme raciste, il multiplie les provocations. Invoquant le tribunal de Nuremberg qui a condamné à mort les criminels nazis, il demande à la Knesset de prononcer « l’exécution » des députés arabes. Leur crime ? Avoir pris des contacts avec le Hezbollah ou le Hamas.
Tel est le personnage sur lequel table Olmert pour consolider sa majorité. Formellement, sa nomination doit encore être approuvée par la Knesset, et les dissensions se sont fait jour à ce sujet parmi les travaillistes. Leur chef, Amir Peretz, ministre de la Défense, a toutes les raisons de s’inquiéter. Le département des « Affaires stratégiques », censé organiser la mobilisation contre la « menace nucléaire iranienne », va par la force des choses déborder sur son propre ministère. Des conflits d’attribution en perspective. À vue de nez, « le Marocain » plutôt paumé ne semble pas faire le poids face au « cosaque » sûr de lui-même et dominateur. Mais les travaillistes vont sans doute demeurer « un partenaire majeur » et éviter de déclencher une crise gouvernementale. Ils partagent avec Kadima leurs craintes des élections anticipées pour cause d’impopularité croissante depuis le Liban.
Lieberman pense lui aussi aux élections, avec des chances plus substantielles qu’il espère développer à partir de sa nouvelle position stratégique. Son parti est bien implanté au sein de la communauté russe, qui compte plus d’un million de personnes. Il table sur le concours d’un autre « Russe », le fameux Arkadi Gaidamak, « un homme original et créatif ». Il l’invite à fonder un parti, « car nous manquons de personnalités sérieuses en politique ». Ayant maille à partir avec la justice israélienne (et française), le milliardaire s’est acquis une immense popularité en se payant une équipe de football. Pendant la guerre du Liban, il a érigé à proximité de Tel-Aviv un village de tentes pour accueillir les réfugiés du Nord fuyant les roquettes du Hezbollah. On prête à Lieberman et à Gaidamak l’intention de se présenter séparément aux futures élections et de mettre en commun leurs gains respectifs. On les crédite chacun de 15 à 20 sièges…
Ces péripéties et perspectives sont prises au sérieux en Israël. Dans l’éditorial du quotidien Haaretz du 24 octobre, on lit : « Le choix de l’homme le plus irresponsable et manquant le plus de retenue pour occuper le poste de ministre des Affaires stratégiques constitue en lui-même une menace stratégique. L’absence de modération de Lieberman et ses déclarations intempestives, comparables seulement à celles du président iranien, risquent de provoquer un désastre dans toute la région. »
De son côté, le politologue Zeev Sternhell, spécialiste du fascisme européen, tient Lieberman « pour le plus dangereux politicien de notre histoire ». Il représente « un cocktail de nationalisme, d’autoritarisme et de mentalité dictatoriale ». De plus, contrairement à des personnages de même acabit, « lui n’est pas marginalisé ». « Je ne peux oublier, ajoute Sternhell, que Mussolini est arrivé au pouvoir avec seulement trente députés. »

La nouvelle afrique du Sud & l'apartheid

Ils semblerait que les dirigeants sud-africains de l'ANC aient tourne leur veste. Pas surprenant donc que quelqu'un comme Jacob Zuma soit populaire malgre ses positions extremistes!

'Les dirigeants de la "nouvelle Afrique du Sud" ont mis en avant mercredi
les gestes entrepris par l'ex-président Pieter W. Botha, décédé mardi soir, pour
amorcer le démantèlement du régime raciste de l'apartheid dont il incarna
pourtant les années les plus dures.
Pieter Willem Botha, qui a dirigé
l'Afrique du Sud de 1978 à 1989, comme Premier ministre puis comme président,
s'est éteint à 90 ans dans son sommeil mardi vers 20H00 (18H00 GMT) à son
domicile situé près de Wilderness, dans la province du Western Cape (sud-ouest).
Celui qui était surnommé "Groot Krokodil" ("Grand crocodile" en afrikaans),
personnifia le durcissement de l'appareil sécuritaire du régime raciste, même
s'il fut à l'origine de plusieurs réformes, créant un Parlement à trois chambres
(blancs, Indiens et métis), ou desserrant, un peu, l'étau racial.
"Alors que
pour beaucoup M. Botha restera un symbole de l'apartheid, nous nous souvenons
aussi de lui pour les démarches qu'il a entreprises afin d'ouvrir la voie vers
l'accord final négocié pacifiquement dans notre pays", a déclaré Nelson Mandela,
héros de la lutte anti-apartheid devenu en 1994 le premier président noir de
l'Afrique du Sud.
Thabo Mbeki, qui a succédé à Mandela en 1999, a de son
côté souligné qu'il fallait mettre au "crédit" de Botha le fait que, "quand il
réalisa la futilité de lutter contre ce qui était juste et inévitable, il prit,
à sa façon, conscience que les Sud-Africains n'avaient pas d'autre alternative
que de se rapprocher les uns des autres".
Celui qui lui succéda en 1989,
Frederik De Klerk, dernier président du régime de l'apartheid qu'il a contribué
à démanteler, a indiqué qu'il n'appréciait pas le style de l'homme ni certaines
de ses méthodes, mais que sa contribution vers l'émergence d'une "nouvelle
Afrique du Sud" devait être prise en compte.
"Personnellement, ma relation
avec P. W. Botha a souvent été tendue", a-t-il indiqué dans un communiqué,
ajoutant qu'il n'aimait pas le "style autoritaire" de son prédécesseur.
"Je
souhaite honorer P. W. Botha pour son énorme contribution à la préparation du
chemin vers la nouvelle Afrique du Sud", a-t-il cependant souligné.
Pour
Helen Suzman, ancienne députée du Parti Progressiste (libéral), et militante
anti-apartheid, Botha, personnage "colérique et très irritable", a surtout
réagi, tardivement, aux pressions extérieures.
"Il n'a jamais été mon ami.
De fait, il était ma bête noire lorsque j'étais au Parlement", a-t-elle expliqué
à l'AFP.
"Il n'était pas terriblement intelligent (...) Il avait simplement
suffisamment de bon sens pour réaliser qu'un changement était devenu
indispensable car la résistance noire gagnait en puissance et l'opposition de la
communauté internationale était de plus en plus forte", a-t-elle expliqué.
Au Zimbabwe voisin, qui a abrité de nombreux dirigeants de l'ANC en exil,
les réactions étaient plus tranchées.
"C'était un dirigeant boer partisan de
la ligne dure qui a vu la lumière trop tard", a déclaré William Nhara,
porte-parole du parti au pouvoir. "Fondamentalement, il est resté arc-bouté dans
sa croyance en la suprématie des afrikaners", a-t-il ajouté.
Mbeki a annoncé
que les drapeaux du pays seraient en berne jusqu'à ses funérailles, mercredi,
qui auront lieu dans le ville de George. Pretoria a proposé à la famille
d'organiser des funérailles nationales, ce que le cette dernière a refusé.
"Il avait spécifiquement indiqué qu'il ne voulait pas de funérailles
nationales", a expliqué sa veuve, Barbara, à l'AFP.
Interrogée sur le bilan
de l'ancien dirigeant de l'apartheid, elle a répondu: "Peu importe ce que disent
les gens, seul Dieu est juge. Et il (Botha) croyait en cela".
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